Journal de bord /5 - Nous ne sommes que

 

Tu creuses un poème

comme un refuge

comme s’il fallait déjà s’habituer

aux effondrements

confectionner un rempart

une fiction consolatrice

 

Tu creuses au fond de toi

les vestiges d’illusion
de ce que tu aurais pu être

Faire le deuil de ses rêves

est une longue litanie

qu’il s’agit de convertir

En feux de joie

 

Tu as toujours pensé

Il faut fuir

Et tu restes là

à reporter la fuite

sous les nuages d’un mois d’août

que tu voudrais éternel 

 

Tu observes les récits

d’auto-factions

les tribunaux populaires

ivres de certitudes

Tu remarques naïvement

que militant est l’anagramme

de limitant

 

Tu repenses à la prairie

les épopées entre les barbelés

quand l’échappée western

ne prenait sens

qu’à travers les clôtures

 

Tu as du mal

c’est abyssal

avec le quotidien

cette vie pratique

qu'un groupe bienveillant a voulu

ériger en sagesse spirituelle

comme pour se rassurer


Tu aimerais y croire

en cette vie quotidienne

comme on s'accroche au ciel 

où les divinités vivent

leur meilleure vie - la seule

 

 

tu nous ne sommes

que nous

et ce n’est pas assez

et là-bas pleuvent les bombes

 

 

Tu ne sers à rien

mais est-on né

pour servir ?

 

 

 

 

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