Tu creuses un poème
comme un refuge
comme s’il fallait déjà s’habituer
aux effondrements
confectionner un rempart
une fiction consolatrice
Tu creuses au fond de toi
les vestiges d’illusion
de ce que tu aurais pu être
Faire le deuil de ses rêves
est une longue litanie
qu’il s’agit de convertir
En feux de joie
Tu as toujours pensé
Il faut fuir
Et tu restes là
à reporter la fuite
sous les nuages d’un mois d’août
que tu voudrais éternel
Tu observes les récits
d’auto-factions
les tribunaux populaires
ivres de certitudes
Tu remarques naïvement
que militant est l’anagramme
de limitant
Tu repenses à la prairie
les épopées entre les barbelés
quand l’échappée western
ne prenait sens
qu’à travers les clôtures
Tu as du mal
c’est abyssal
avec le quotidien
cette vie pratique
qu'un groupe bienveillant a voulu
ériger en sagesse spirituelle
comme pour se rassurer
Tu aimerais y croire
en cette vie quotidienne
comme on s'accroche au ciel
où les divinités vivent
leur meilleure vie - la seule
tu nous ne sommes
que nous
et ce n’est pas assez
et là-bas pleuvent les bombes
Tu ne sers à rien
mais est-on né
pour servir ?