L’été. Le temps de l’otium au sens romain qui priait Phébus. Contre le « negotium » - le temps des affaires, du négoce, du travail au cœur de l’espace public. L’été, le temps de la vie privée - des amis et de la famille.
L'été. Le temps de la scholè – le loisir studieux - au sens grec. En opposition à l’affairement de la vie quotidienne (ascholia). Scholè : racine du mot d’école dont l’absence crée pourtant la notion de vacances. Le temps du loisir studieux, de la théoria, de la noétique.
Le temps des arts et de la politique.
Aujourd’hui, j’apprends un nouveau mot de la bouche de Harari : le dataïsme. Le monde serait un gigantesque flux de rhizomes interconnectés, une suite de données téléchargeables, effaçables, interchangeables. Le « Big data » apparaît comme étant la nouvelle divinité - après l’ère de Dieu, de l’Humanisme et de la Déconstruction. Sonne le chant du cygne du libre arbitre. L’humain prendrait les décisions les plus inclusives, les plus rationnelles car toutes les données les plus précises sur le réel serait "à disposition". Et donc manipulable. Que faire de cette conceptualisation programmatique d'un processus en cours?
L'été, le temps du désengagement. Faut-il s’engager dans cette voie ? L’engagement. Langage ment. L’engagement, ce tâtonnement. Il suppose qu’on ne sait rien de soi à l’avance comme disait Peter Handke. Nous ne pouvons nous élucider que dans l’action – et donc dans l’erreur. Expérience fondamentale de l’angoisse d'être libre et de définir ses possibles. Surgit la question à l’orée du bois, dans les brumes d’une clairière orageuse: pourquoi sommes-nous là ?J’ai commencé ma vie en retard et je me plains qu’il n’y ait plus de saison.
L'été, le temps des amours au sens Françoise Hardy
quand reviendra l'été
ton village et les blés
le vin blanc dans tes yeux
que buvait le ciel bleu
quand on avait seize ans
à la haute saison
on a toujours seize ans
même en basse saison
on a toujours seize ans
on a toujours raison
de s'éloigner des cons
il fait bon, partons !
La réminiscence des ruptures me ramène à ce texte de Karel Logist, « le lendemain de ma vie avec toi » et le piano de mon arrière grand-mère me souffle une valse surannée