Pourquoi avoir choisi ce titre « Idoles » ? Passionné des mots (et des non dits), je suis fasciné par l’étymologie et les sens multiples de certains idiomes dans leurs racines historiques. Idoles vient du terme grec eidôlon (εἴδωλον) qui provient du verbe « voir ». Eidôlon a donc une signification multiple: l’ombre des morts dans l'Hadès (dont le fantôme), le sosie d'Hélène de Troie créé par Héra, l’effigie, le portrait, qui met sous les yeux les absents,et enfin le miroir, ou plutôt ce qui se montre dans un miroir et qui en réalité n'y est pas. On constate aussi chez les Grecs qu’il n’y a parfois aucune diffraction entre personnalité et identité, entre l'être et le paraître, car chacun «ne se connaît lui-même qu'au miroir de l'image que les autres lui présentent de sa personne» comme dit Jean Pierre Vernant. La question du miroir me fascine car dans l’Antiquité, il n’était réservé qu’aux femmes (et souvent de façon péjorative d’ailleurs) qui y contemplaient un aspect déformé d’elles-mêmes. Il est justement question de beaucoup de portraits de femmes dans cet EP plutôt nocturne, autant d’idoles passagères :la diseuse de bonnes aventures, Diotime (femme philosophe qui a enseigné l’amour à Socrate), une Aline vintage 2.0. sortie d’une chanson de Christophe et amoureuse d’une Constance qui veut percer dans le cinéma, Luna, manif(i)estante féministe engagée qui subit des insultes... L’idole est devenue négative sous le christianisme médiéval en étant associée aux cultes hérétiques de faux dieux – donc dangereux. Je vois ces femmes comme des « Idoles » éclairantes, des personnes absentes, des fantômes du passé avec lesquelles je dialogue. J’insiste sur l’importance de se constituer son petit panthéon. On construit son identité finalement grâce à nos idoles. L’idole, c’est aussi la star du cinéma, d’où cette pochette qui m’emmène dans un film à la David Lynch. Comme Ulysse, je reviens à la maison à la fin de l’Ep après ce voyage nocturne : ma région de Chimay pour vanter les plaisirs simples du terroir. Musicalement, il y a une forte présence de piano ou de rhodes, de cuivres et d’influences électroniques avec des nappes qui se mélangent à des voix féminines. J’ai le plaisir d’inviter Mara et Destina, deux chanteuses que j’adore et qui ont un grain de voix singulier. Je tente ici un mélange d’influences baroque, gospel, hip hop qui vont de Bach à Etienne Daho en passant par Sébastien Tellier et An Pierlé.
Track list
1. Idoles
2. La nuit les ovnis
3. Diotime Circus (feat Mara)
4. Aline 2.0. (feat Destina)
5. Manifiestante
6. La chimay, mon chat et moi
7. A l’année prochaine (+bonus track)
Musiques, arrangements, piano, synthé, orgues, rhode, toys, guitares, voix : Olivier
Terwagne
Paroles : Olivier Terwagne Sauf 1. co-écrit avec Pierre Dungen
Basse, guitare, arrangement : Alonza Bevan
Trompette, cor : Stéphanie Gilly
Programmations électro : Pierre Dozin
Batteries : Adrien Fortemps
Voix : Mara (3) Destina (4), Audrey Evans (6) et Lara (bonus track). Le bonus track
contient des extraits d’interview de Brassens, Claude Sautet, Hannah Arendt,
Françoise Sagan, Jean-Pierre Marielle et Jane Birkin
Enregistrement : Noise Factory,Jet Studio, Green Field Studio et Tea Rooms Studio
Mixé par Pierre Bartholomé sauf 4. Mixé par Rudy Coclet et Pierre Bartholomé et 7.
Mixé par Erwin Autrique et Pierre Bartholomé
Mastering Pierre Bartholomé Green Field Studio
Photos : Olivier Terwagne (sauf portrait Lara Herbinia)
Graphisme : Antoine Chauvaux
Avril 2020
© Sabam Belgique